les maux de l'été pour les équidés

les maux de l'été pour les équidés

Les maux de l’été
La période estivale se caractérise par un temps sec, chaud et ensoleillé, qui peut avoir des conséquences
sur l’utilisation du cheval, notamment en cas de fortes chaleurs. D’autre part, ce climat favorise un
environnement poussiéreux, des terrains durs et une exposition plus importante aux rayons UV, qui
peuvent avoir un impact négatif sur les chevaux, en particulier ceux hébergés à l’extérieur. L’été
représente aussi la saison de prolifération des insectes ailés, qui sont source de gêne mécanique, mais
peuvent aussi transmettre des maladies. Nous verrons ici comment prévenir ces désagréments estivaux.
Par Marie DELERUE - | 12.07.2019 |
Niveau de technicité :
Le coup de chaleur
Le coup de chaleur correspond à une hyperthermie importante, responsable d’un dysfonctionnement des
organes internes qui peut être mortel. Ce coup de chaleur est favorisé par un travail intense ou un
transport lors de fortes chaleurs, particulièrement lors d’humidité associée. En été, il faut donc surveiller
que le cheval puisse s’abreuver régulièrement et en quantité suffisante. Un abri, qu’il soit naturel ou
artificiel, permet de protéger les équidés des fortes chaleurs. Les séances de travail et les transports
doivent être déplacés aux périodes les moins chaudes de la journée.
Les coups de soleil et la photosensibilisation
Les chevaux à la peau rose sont plus sensibles aux rayons UV, en particulier au niveau des zones glabres
(sans ou avec peu de poils) comme par exemple autour des yeux et sur le bout du nez. Ces zones
dépigmentées absorbent plus les rayons UV que les zones pigmentées. En été, ces chevaux peuvent
présenter des brûlures qui se caractérisent par une rougeur et une sensibilité de la peau qui peut peler.
Ces réactions peuvent être plus graves en cas de photosensibilisation. On observe alors une tuméfaction
et des croûtes. Elles sont dues à l’accumulation d’agents photosensibilisants dans la peau, par ingestion
ou contact direct de la peau avec certaines plantes (millepertuis, trèfle blanc…) ou médicaments
(tétracyclines…). Les plantes contenant des alcaloïdes pyrrazolés, comme le séneçon, sont à l’origine de
troubles hépatiques et provoquent également une photosensibilisation.
Enfin, une exposition répétée des chevaux à peau rose aux rayons UV peut favoriser l’apparition de
tumeurs cutanées, notamment en région oculaire.
Les chevaux à peau rose sont plus sujets aux coups de soleil © M. Delerue / IFCE
Croûtes suite à un coup de soleil © Camille Eyraud
Tumeur cutanée autour du naseau © M. Delerue / IFCE
Afin de prévenir ces coups de soleil douloureux, il est possible :
D’utiliser des masques couvrant les oreilles et le bout du nez, voire des couvertures
intégrales anti-UV.
De rentrer les équidés à l’intérieur aux périodes où les rayons solaires sont les plus forts
(entre 12h et 15h).
D’appliquer de la crème solaire sur les zones glabres et dépigmentées. Ces applications
doivent être fréquentes car le cheval retire facilement la crème en broutant de l’herbe
humide ou en buvant. L’oxyde de zinc est plus résistant à l’eau. Il est déconseillé d’en
appliquer autour des yeux.
Sécheresse et intoxications
La période estivale est également une période propice aux intoxications par certaines plantes résistantes à
la sécheresse du fait d’une diminution des ressources alimentaires en herbe dans les prairies. Celle-ci
favorise la consommation de plantes habituellement délaissées par les chevaux. Deux intoxications sont
particulièrement concernées :
L’intoxication au séneçon, responsable de troubles digestifs et nerveux.
L’intoxication à la porcelle enracinée, à l’origine de troubles locomoteurs : harper de
forme australienne.
L'intoxication au millepertuis, entraînant une photosensibilisation.
Séneçon de Jacob © N. Genoux / IFCE
Porcelle enracinée © N. Genoux / IFCE
Millepertuis © N. Genoux / IFCE
Lorsque les ressources en herbe diminuent, il est primordial de
complémenter les chevaux en foin.
Maladies associées aux insectes ailés
Au pré, le harcèlement par les insectes peut induire une modification du budget-temps du cheval, c'est-à-
dire de la répartition dans la journée du temps accordé aux activités telles que l'alimentation, le repos
debout ou couché, les déplacements...
Les mouches, une gêne au quotidien © L. Le Masne / IFCE
Masque et couverture de protection contre les insectes © N. Genoux / IFCE
Ces insectes peuvent irriter la peau et provoquer des démangeaisons, voire une hypersensibilité, à
l’origine d’un prurit important. La dermatite estivale récidivante se manifeste cliniquement du printemps
jusqu’à l’automne, mais les signes cliniques (crins cassés, plaies, épaississement de la peau en regard
principalement de la croupe et de l’encolure…) sont plus marqués en été du fait de la présence en grande
quantité de moucherons dans l’environnement, responsables de cette hypersensibilité.
Cheval atteint de dermatite estivale récidivante présentant un épaississement de la peau et une alopécie (perte
de poils) consécutive au grattage © M. Delerue / IFCE
Jument atteinte d’une conjonctivite et protégée de l’irritation des mouches par un masque © M. Delerue / IFCE
Par irritation mécanique ou transport d’agents pathogènes (bactéries, virus, parasites), les mouches
peuvent favoriser les conjonctivites. Elles se manifestent par une fermeture des paupières, un écoulement
oculaire et des muqueuses oculaires rouges et gonflées.
Les mouches peuvent également déposer des larves parasitaires d’habronèmes au niveau des
conjonctives (à l’origine de conjonctivites) ou sur des plaies. Les larves peuvent alors provoquer un
bourgeonnement exacerbé de la plaie qui ne cicatrise pas. Ces lésions très prurigineuses régressent en
hiver mais réapparaissent au printemps suivant. On parle d’habronémose larvaire ou plaie d’été. Ces
lésions semblent rares en France, mais pourraient être plus fréquentes dans le sud.
Les mouches sont également responsables de myiases cutanées. Elles peuvent pondre des œufs en regard
des plaies. Les asticots qui sortent des œufs se développent en se nourrissant des sécrétions et tissus
organiques morts et participent ainsi au nettoyage de la plaie. Malheureusement, certaines espèces
s'attaquent également aux tissus sains, aggravant les lésions et pouvant être à l'origine d'une infection
secondaire. D’autre part, ils peuvent constituer une forte gêne pour les chevaux.
Certains insectes transmettent des maladies infectieuses, en particulier deux maladies réglementées par
l’État :
L'anémie infectieuse des équidés, qui se transmet entre équidés par les piqûres
d’insectes, en particulier de taons.
La fièvre de West-Nile, qui se transmet au cheval par piqûres de moustiques du genre
Culex, eux-mêmes contaminés auprès d’oiseaux infectés.
Des pieds secs et cassants
Cheval présentant une corne cassée en été suite à un parage non régulier © M. Delerue / IFCE
En été, les sols secs et durs, en particulier lorsqu’ils ont été abimés par les chevaux lors de périodes
humides, sont abrasifs pour les pieds des chevaux. L’usure de la corne est plus rapide et peut entraîner
des inconforts, en particulier chez les chevaux avec des pieds plats.
La corne est également plus sèche et cassante, ce qui favorise l’apparition de seimes. Un entretien avec
des huiles végétales ou de l’huile de foie de morue, ainsi qu’un parage régulier, sont conseillés.
Un environnement poussiéreux
Zones de piétinement à l’origine d’une dégradation du couvert végétal rendant la zone très poussiéreuse © M.
Delerue / IFCE
La rhodococcose est une maladie bactérienne affectant le poulain de moins de 6 mois, à l’origine
principalement d’une bronchopneumonie. La maladie se transmet au poulain par inhalation de poussière
contaminée par la bactérie.
Cet environnement poussiéreux peut également exacerber les signes cliniques respiratoires chez les
chevaux atteints d’asthme équin.
La prévention passe notamment par la diminution de l’exposition de ces équidés à la poussière, par
exemple en :
Arrosant les surfaces de travail et les zones de passage.
Leur réservant les paddocks et prairies les plus enherbées.
Déplaçant régulièrement les zones d’abreuvement et d’alimentation soumises au
piétinement.
Ce qu’il faut retenir
En été, pour prévenir les affections courantes, il est important de
veiller à :
• Limiter l’exposition des chevaux à la poussière.
• Héberger les équidés dans des prairies éloignées des fumières
et de points d’eau favorables à la multiplication des insectes.
• Mettre à disposition des chevaux des abris, qu’ils soient
naturels ou artificiels.
• Protéger les chevaux à peau rose des rayons UV.
• Éviter les séances de travail et les transports aux heures les
plus chaudes de la journée.
• Apporter du foin aux équidés en cas de diminution des
ressources herbagères.
En savoir plus sur nos auteurs
Marie DELERUE Docteur vétérinaire - experte sanitaire spécialité équine et ingénieure de
recherche & développement IFCE
Bibliographie
LOVING N.S. (2017). Burning up : photosensitization and sunburn in
horses. Thehorse.com [en ligne]. Disponible sur :
https://thehorse.com/17869/burning-up-photosensitization-and-sunburn-in
-horses/
GUILLOT J., BEUGNET F., FAYET G., GRANGE E. et DANG H. (2005). Abrégé
de parasitologie clinique des équidés - Volume 1 : parasitoses et mycoses
externes. Kalianxis, pages 144-157.
CLARIN A. (2006). Contribution à l’étude de l’habronémose cutanée chez
les équidés - Recherche de larves d’habronèmes dans les plaies de
chevaux du sud-ouest de la France. Thèse pour obtenir le grade de
docteur vétérinaire, Université Paul-Sabatier, Toulouse.
Pour retrouver ce document:
www.equipedia.ifce.fr
Date d'édition : 29 06 2023

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