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le coup de chaleur

le coup de chaleur

Le coup de chaleur
Le coup de chaleur est une hyperthermie provoquée par un défaut de régulation de la température interne
du cheval en cas de forte chaleur extérieure. Il s’agit d’une urgence grave, dont il faut repérer les signes
cliniques afin de la traiter rapidement et efficacement. Une bonne connaissance des causes
prédisposantes permet d’adapter la gestion des chevaux en période de fortes chaleurs.
Par Bénédicte FERRY - Gwenaëlle GRANDCHAMP-RENARD - |
29.08.2022 |
Niveau de technicité :
Qu'est-ce qu'un coup de chaleur ?
Le cheval est une espèce homéotherme : il conserve une température corporelle constante,
indépendamment du milieu extérieur.
Lorsqu'il fait trop chaud, le cheval peut abaisser sa température de deux manières : la transpiration et la
dilatation des vaisseaux sanguins sous la peau (on parle de vasodilatation périphérique). Ces deux
mécanismes augmentent l'élimination de la chaleur vers le milieu extérieur.
Quand ces mécanismes sont insuffisants pour faire baisser la température, par exemple lors d’un exercice
intense associé à une forte chaleur extérieure, le coup de chaleur apparaît. La température corporelle,
normalement comprise entre 37,5°C et 38,5°C, augmente et peut dépasser 41°C. Il en résulte des
dysfonctionnements des organes internes (cœur, reins, cerveau…). Du fait de la vasodilatation
périphérique, le sang s’accumule en effet dans les vaisseaux de la peau et n’est plus disponible en
quantité suffisante pour irriguer correctement ces organes vitaux.
Le coup de chaleur est une urgence vitale : il peut aboutir à la mort du cheval.
Quels facteurs extérieurs favorisent le coup de
chaleur ?
Les trois conditions suivantes favorisent le coup de chaleur :
Une température extérieure élevée
Un air très humide
Une aération insuffisante
Normalement, l’évaporation de la sueur à la surface du corps suffit à refroidir le cheval. Si l’air est trop
humide, l’évaporation naturelle perd de son efficacité. En une heure, un cheval peut transpirer l’équivalent
de 15 à 20 litres d’eau dans des conditions fraîches et sèches, et 30 litres lorsque le temps est chaud et
humide. Seulement 25 à 30% de la sueur s’évaporent ; le reste coule le long de la peau.
Des conditions chaudes et humides © N. Genoux / IFCE
Un effort intense et/ou prolongé © A. Laurioux / IFCE
Un endroit mal ventilé © Mélanie Guillamot
Si le cheval ne boit pas suffisamment, la transpiration excessive entraîne une perte importante en eau et
en éléments minéraux (la sueur du cheval contient beaucoup de sel) provoquant une déshydratation et un
déséquilibre électrolytique. Même si le coup de chaleur fait le plus souvent suite à un exercice intense
et/ou long, il peut également survenir chez le cheval au repos, notamment si ce dernier est stationné dans
des zones chaudes et/ou mal ventilées (transport en van, box mal aéré, boxes démontables où il peut faire
très chaud, attache au soleil…).
Quels sont les chevaux prédisposés ?
Les chevaux atteints d’anhydrose ⇒ Il s’agit d’une maladie qui se traduit par une
incapacité des glandes sudoripares du cheval à produire une quantité adéquate de
sueur.
Les chevaux en embonpoint ⇒ La graisse sous-cutanée diminue l’évacuation de la
chaleur produite par les contractions musculaires.
Les chevaux avec des poils très longs et/ou très épais ⇒ Les chevaux atteints du
syndrome de Cushing par exemple, présentant de l'hirsutisme.
Les chevaux peu ou pas entraînés, soumis à un exercice physique ou à un stress ⇒
Leurs muscles sont peu vascularisés et ne se refroidissent pas suffisamment.
Les chevaux transportés d’une région fraîche à une région plus chaude pour participer à
une randonnée ou une épreuve d’endurance par exemple, et dont l’organisme n’a pas
le temps de s’habituer à la chaleur avant l’effort.
Certains chevaux provenant de pays chauds, comme les pur-
sang arabes, sont beaucoup plus résistants à la chaleur grâce à
la finesse de leur peau, leur poil ras et un réseau de vaisseaux
sous-cutanés particulièrement important.
Comment reconnaître un coup de chaleur ?
Les signes cliniques précurseurs d’un coup de chaleur chez le cheval sont :
Une transpiration excessive.
Une augmentation persistante de la fréquence respiratoire, qui persiste malgré l’arrêt
de l’exercice depuis 10 à 30 minutes, selon l’effort, la fréquence respiratoire normale
d’un cheval étant comprise entre 20 et 40 mouvements par minute.
Une augmentation de la température rectale, normalement comprise entre 37,5°C et
38,5°C. À partir de 40°C, le cheval est en danger.
Une attitude anormale ⇒ Le cheval semble fatigué et se désintéresse de son
environnement, l'œil fixe et la tête basse, il est réticent à avancer.
Des muqueuses des gencives sèches ou collantes.
Une augmentation du temps de remplissage capillaire ⇒ En appuyant avec le doigt sur
la gencive, la muqueuse devient blanche. Quand la pression est relâchée, la couleur
doit normalement redevenir rose en 1 seconde. Si le délai est supérieur à 1 seconde, il
y a une augmentation du temps de remplissage capillaire.
D’autres symptômes peuvent être observés :
Douleurs musculaires
Signes de coliques
Diminution des bruits digestifs
Transpiration excessive © N. Genoux / IFCE
Augmentation de la fréquence cardiaque © A. Laurioux / IFCE
Augmentation de la T° rectale © A. Laurioux / IFCE
Si aucun traitement n’est mis en place, les symptômes
s’aggravent : la fréquence cardiaque augmente, les muqueuses
sont congestionnées (rouges à violacées), le cheval titube, perd
connaissance et s’écroule au sol. La mort peut alors survenir très
rapidement.
Quel traitement ?
1) Arrêter immédiatement le travail.
2) Amener le cheval à l’ombre, dans un endroit frais et aéré (utilisation de ventilateurs par exemple).
3) Le rafraîchir par tous les moyens à disposition, avec douche, bouteille ou linge humide. Arroser
doucement la tête, l’encolure, la poitrine et les membres avec de l’eau fraîche, mais pas trop froide. On
insistera particulièrement sur la nuque, où siègent les centres nerveux responsables de la régulation
thermique. L’utilisation du couteau de chaleur n’est pas nécessaire, cela augmente même le temps
nécessaire pour diminuer la température corporelle. En suivant cela, la température peut baisser de deux
degrés en dix minutes.
Des études récentes ont cherché à déterminer quelles méthodes
de refroidissement est la plus efficace pour refroidir la
température interne des chevaux, entre 1) mettre le cheval dans
les courants d’air, 2) le doucher de façon intermittente à l'eau
froide (10°C) avec ou sans passage du couteau de chaleur et 3)
le doucher en continu à l’eau froide du réseau (environ 22°C).
La meilleure méthode pour réduire la température du cheval est
la douche continue à l’eau froide du réseau, puis la douche
intermittente à l’eau froide (10°C) sans utilisation du couteau de
chaleur. Vient ensuite la douche intermittente à l’eau froide
(10°C) avec utilisation du couteau de chaleur et enfin les
courants d’air (Takahashi et al., 2020).
4) Lui donner à boire de l'eau non glacée. Un cheval de 500 kg boit normalement 25 litres par jour, hors
travail. Cette quantité peut tripler par temps chaud. L’utilisation de complément minéraux afin de
compléter les pertes est sujet à controverse. Si vous souhaitez les utiliser, il convient d’utiliser des produits
isotoniques (exemple : 9 g de sel de table dans un litre d’eau ou une préparation faite par votre
pharmacien contenant 5.9 g de NaCl, 0.3 g de KCl, 3.4 g de bicarbonate de sodium pour un litre d’eau,
composition électrolytique du plasma).
5) Prendre sa température régulièrement pour vérifier qu’elle baisse rapidement.
6) Si le cheval ne récupère pas très rapidement avec ces quelques soins, le vétérinaire doit être appelé de
toute urgence pour perfuser le cheval. Si le cheval refuse de boire spontanément, et après avoir
soigneusement vérifié que le transit intestinal n’est pas arrêté, le vétérinaire pourra administrer un liquide
réhydratant par une sonde naso-œsophagienne.
Rafraîchir le cheval à la douche © Anthony Bro-Petit
Le placer à l'ombre, dans un lieu bien ventilé © Solène Bailly
L'abreuver avec de l'eau fraîche © A. Laurioux / IFCE
► Il n'est pas nécessaire de masser le cheval.
► Le rétablissement de l’ensemble des fonctions vitales peut
prendre du temps. Selon la gravité, le cheval peut être mis au
repos de façon prolongée.
Que faire pour prévenir les coups de chaleur ?
En période de fortes chaleurs :
Vérifier que de l’eau fraîche et propre est disponible à volonté.
Veiller à procurer un abri ombragé et ventilé.
Éviter le travail intensif et les transports aux heures les plus chaudes de la journée.
Abreuver régulièrement pendant le transport et entre les épreuves sportives ou lors de
pauses en randonnée.
Mettre à disposition une pierre à sel et, en cas de forte transpiration, supplémenter
avec des électrolytes.
Doucher les chevaux qui transpirent.
Tondre les chevaux à poils longs et épais.
Prévoir une période d’adaptation aux climats chauds de 2 ou 3 semaines avant de
réaliser un exercice intense.
Donner des aliments rafraîchissants : mashes, carottes, pommes… une ou deux fois par
semaine.
Laisser des zones d'ombres aux chevaux © N. Genoux / IFCE
Fournir de l'eau propre et fraîche à volonté © A. Laurioux / IFCE
Laisser une pierre à sel à disposition © A. Laurioux / IFCE
En savoir plus sur nos auteurs
Bénédicte FERRY Docteur vétérinaire - ingénieur de projets & développement IFCE
Gwenaëlle GRANDCHAMP-RENARD Docteure vétérinaire - experte sanitaire spécialité
équine et ingénieure de projets & développement IFCE
Bibliographie
TAKAHASHI Y., OHMURA H., MUKAI K., SHIOSE T. and TAKAHASHI T.
(2020). A comparison of five cooling methods in hot and humid
environments in thoroughbred horses. Journal of Equine Veterinary
Science, 91, page 103130.
Pour retrouver ce document:
www.equipedia.ifce.fr
Date d'édition : 29 06 2023

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